Né à Dantzig en 1788, il meurt en 1860. Après une série de voyages en Europe, des études commerciales et
des études classiques brillantes, il s’installe chez sa mère et fréquente Goethe. Il écrit son œuvre
capitale «Le monde comme volonté et comme représentation» qui n’obtient aucun succès. Il enseigne à
l’université de Francfort et poursuit le cours de sa vie aux côtés de sa fidèle chienne Atma.
Après les grands utopistes, la philosophie voit se profiler les philosophes de soupçon, qui vont fortement
peser sur les capacités de la raison à éclairer le monde et sur la capacité de l'homme à accéder au bonheur.
Après le triomphe de la raison sur la compréhension du réel prôné par Hegel, des penseurs isolés osent se
démarquer de l'hégélianisme et soulignent l'impuissance de la raison à comprendre le monde, la vie. Il y a,
au fondement de notre existence, un irrationnel rebelle à tout concept et à tout raisonnement qui est vécu
chez Soren Kierkegaard dans l'angoisse, et qui se nomme la volonté chez Arthur S.
Ce qui peut frapper chez ces philosophes c'est le caractère tragique de la vie, du pessimisme de leurs
œuvres. C'est avec Schopenhauer que nous allons tenter de cerner le pourquoi de ce pessimisme qui affirme
que toute vie est souffrance et le ne peut pas exister.
Après des efforts incommensurables nous avons réussi, grâce à nos envoyés spéciaux de l'au-delà, à établir
une liaison avec Arthur Schopenhauer.
R.R : Avant d'entrer dans le vif du sujet nous aimerions savoir ce qui vous a inspiré tout au long de
votre parcours philosophique ?
A.S : Quand j'étais bien jeune, lorsque j'étudiais à l'université j'ai rencontré le philosophe Schulze qui
m'a révélé Platon et Kant, puis ma deuxième rencontre avec l'orientaliste Maier m'a initié aux religions
orientales. C'est donc surtout Kant et Bouddha qui m'ont influencé dans ma conception du monde.
R.R : Quelle est donc cette conception du monde? Comment la caractérisez-vous?
A.S : Vous savez, je pense que le mode est ma présentation. En réalité, nous ne percevons le monde qu'à
travers "le voile de Maya ", c'est-à-dire à travers un brouillard d'illusions. Nous ne connaissons pas la
vérité des choses. Le monde réel, caché derrière les apparences accessibles par l'intuition est un monde
sans causalité ni raison, un monde absurde, d'une volonté aveugle.
R.R : Mais, tout de même le monde ne se limite pas seulement à son absurdité. Il est autre chose?
A.S : En effet, il n'est pas seulement absurde, il est aussi tragique et douloureux.
R.R : Pourquoi ce pessimisme, d'où tient-il son origine?
A.S : L'Homme est être de désir et de ce désir, manifestation consciente et individuelle du vouloir vivre
est tragique car l'homme en assouvissant ce désir croit servir ses propres intérêts alors qu'en fait il
est seulement au service de l'espèce, ceci est illustré par la sexualité qui sert à la reproduction de
l'espèce. De plus, il est douloureux parce que nous sommes esclaves du désir, voués à souffrir de par son
caractère insatiable, souffrance qui naît de l'ennui quand nous avons obtenu ce que nous désirions.
R.R : En ce sens, vous vous rapprochez plus particulièrement des bouddhistes qui déclarent que le désir est
le mal radical?
A.S : Oui, effectivement, chez les bouddhistes " tout ce qui est imper manent est douloureux " et "la
cessation du désir est la cessation de la souffrance", comme je le pense aussi.
R.R : Dans votre ouvrage, "le monde comme volonté et représentation " vous déclarez que la volonté est la
chose en soi. Qu'entendez-vous par là ? A quoi renvoie-t-elle précisément?
A.S : Cette volonté est le fond intime, l'essentiel de l'univers, la vie doit être comme la campagne
inséparable de la volonté. Cette volonté, la nature la plus intime du monde est un élan obstiné, une dynamique aveugle sans but. Elle ne renvoie qu'à un vouloir vivre absurde, détachée de toute référence aux valeurs, à
l'action humaine, à la raison.
R.R : Peut- on la considérer comme une forme de liberté ?
A.S : Bien sûr, on peut la considérer comme la liberté même puisqu’elle est un premier commencement,
c’est aussi par elle que tout existe, vous savez, elle ressemble à ce que Spinoza avait appelé
« la tendance à persévérer dans son être » et aussi à ce que Nietzsche appellera « la volonté de puissance »
que j’ai partiellement inspiré.
R.R : Vous donnez dans votre ouvrage un remède radical pour mous délivrer de ce vouloir vivre ?
A.S : C’est l’ascétisme, c’est-à-dire le refus des biens de ce monde, la chasteté universelle qui bien vite
mettrait une fin à la tragédie de nos existences. C’est, en effet, la philosophie, la méditation et le
renoncement qui permettent réellement à l’homme d’accéder à la sagesse véritable, c’est-à-dire à la négation
du désir et du vouloir vivre que Bouddha nomme le Nirvana.
Propos recueilli par l'archange.
Rougi Rachida
Bibliographie
- Le monde comme volonté et comme représentation, Arthur Schopenhauer ;
- Présences de Schopenhauer, Roger-Pol Droit ;
- Le monde de Sophie, Jostein Gearder ( livre conseillé pour une entrée en matière de la philosophie).
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