BROUHAHA : Le journal qui fait du bruit
Lycée Giocante de Casabianca



LANGAGE


L'art du langage

(Etude philo comique de l'homme et de ce qu'il dit)

On dit du langage qu'il s'agit (" bêtement ") d'un moyen de communication, donc de penser.
Pour introduire le sujet sur les rapports humains à travers le langage je citerai mon ami de longue date Woody Allen ( que je salue d'ailleurs au passage...), citant lui-même Kierkegaard : je n'oublierai jamais ma réaction à cette lumineuse observation de Kierkegaard : " tel rapport qui se rapporte à son rapport propre ( c'est le cas de le dire !) doit ou bien s'être constitué lui-même ou bien avoir été constitué par autre chose ". Mais bien sûr ! ....Enfin, il paraîtrait tout de même que pour comprendre l'être humain, il faut observer sa façon de communiquer, ses codes, ses langages.

Dans un film écrit par Quentin Tarantine : " True Romance ", un moment d'anthologie réunit " Clarence " (Christian Slater) et " Drexl " (Gary Oldman ). Dans cette scène, Clarence vient récupérer les affaires d'Alabama, sa femme et ancienne prostituée au service de Drexl.

Imaginons un doux rêveur face à un violent proxénète....
Drexl :
" Assieds-toi mon garçon. Tu veux manger quelque chose ? "
Clarence :
" Non, merci ".
Drexl :
" Non merci ? ! ça veut dire quoi ça ? T'as trop les jetons pour bouffer ? T'as déjà fait dans ton froc ? ! Tu vois....si t'avais pris un truc à bouffer, je me serais dit : " Ouah ! on dirait qu'il en a rien à foutre de risquer sa vie ! Peut-être que ce dingue est si balèze qu'il est même pas inquiet, il est assis là, mange ma bouffe, regarde ma télé ". Mais t'es même pas encore assis, tu fais que me regarder alors qu'il passe un super bon film sur cette foutue télé... "

Clarence
" Je ne mange pas parce que j'ai pas faim, je m'assois pas parce que je ne compte pas m'éterniser, je ne regarde pas le film parce que je l'ai déjà vu il y a sept ans, c'est " The mack " avec Richard Aryon. Je n'ai pas peur de toi, je ne t'aime pas c'est tout "
Les grandes lignes de cet extrait que je vous ai relaté montrent bien à quel point les êtres humains ne sont à l'aise avec le langage. Et pour ceux qui n'ont pas vu le film, le plus mal poli des deux ne s'en sort pas.
Nous pouvons aisément remarquer les maladresses des deux protagonistes qui , ne se connaissant pas l'un l'autre, s'amusent à tester le sens de la répartie de chacun.
Il est clair pour tout le monde que ce genre de scène est malheureusement courant dans la vie de tous les jours... Enfin, peut-être pas tous les jours mais ça a dû arriver quelque part...Je me souviens d'une scène sur canal Assemblée m'ayant rappelé celle-ci :

JACK LANG VS CLAUDE ALLEGRE
Claude : ( déjà ça le fait moins que " Drexl ")
" Assied-toi mon garçon, tu veux manger quelque chose ? "
Jack :
Non, merci.
Claude :
" Non merci ? ! ça veut dire quoi ça... ? T'as trop les jetons pour bouffer ? T'as peur que je t'éclate la gueule parce que t'as piqué ma place au ministère ! ? Tu vois...Si t'avais pris un truc et que t'avais commencé à bouffer, j'me serais dit : " Ouah ! ce mec en a rien à faire de me voler ma place...il est peut-être dingue ! ? " Tu veux pas de ma bouffe, tu t'assois pas et tu t'es jamais intéressé à mon système d'enseignement.... "
Jack :
" Je veux pas de ta bouffe parce que j'ai pas faim ( et parce que sur Canal Assemblée y'a jamais de bouffe), j'ai pas envie de m'asseoir parce que sur Canal Assemblée on est toujours assis... et ton programme de Taylorisation de l'enseignement et tes créations d'emplois de substitution pour les jeunes...tu peux leur faire suivre le parcours classique de la digestion, ça ennuiera personne ! "
Il est certain que si les hommes politiques parlaient comme ça, les gens s'investiraient un peu plus dans leur rôle de citoyen.
On peut donc remarquer qu'il n'existe pas vraiment de langage spécifique à chacun, sinon comment pourrait-on comprendre les autres ?
Je pense pour ma part que " les autres " font seulement semblant de ne pas se comprendre et d'avoir des langages différents pour diverses raisons :
- " l'image de marque " est, on peut le dire, la raison principale des codes qui existent. En effet il vaut mieux, et cela en a toujours été ainsi, suivre la masse pour ne surtout pas se démarquer. Il en a été ainsi pour le Christ, pour " les sorcières ", les communistes aux Etats-Unis durant le Maccartisme, (certains diront mêmes pour les Corses aujourd'hui, mais n'entretenons pas un épineux débat ...)
Lorsqu'il s'agit de faire du profit, la masse s'agrandit et les gens se battent pour décliner du Dalida ou Veilan sur une musique bretonne.
Les phénomènes de masse se multiplient,
les codes sont différents,
les langages se multiplient, les psychanalystes ont trop de clients,
les états d'âme se multiplient,
et aujourd'hui toujours, la masse n'est pas responsable, il faut trouver un coupable, quelqu'un de démarqué pour que personne ne s'inquiète ...on accuse le langage et ses ambiguïtés, sa difficulté d'interprétation... on n'accuse plus ceux qui le pratiquent.

Personne ne considère qu'il existe un problème, mais partout tout le monde propose des solutions :
- l'unicité culturelle : " un langage = NO DIFFICULTY " ;
d'autres proposent à l'inverse :
- le pluri-culturel : " BE FRESH, BE COOL, BE YOURSELF ".

Le langage est encore très difficile à contrôler et c'est tant mieux ; tant qu'il ne nous échappe pas. Mais chacun peut y voir ce qu'il veut : de la prostitution : " je dis ce que tu veux entendre et tu me laisses tranquille ", ( l'hypocrisie et la diplomatie sont décidément dans l'air du temps...), jusqu'aux moments purement magiques : comme la musique, comme un bon film, comme une bonne histoire ou même un bon article....
Une légende peut-être..., l'art du langage.

(JE) KIO.






Dictionnaire des idées servies

Abraham : Le premier à avoir aperçu le doigt de dieu. Son errance fut triste et reproductible.
Ah : Exclamation se faisant avec plusieurs mouvements d'épaule. Forcer la voix, froncer les sourcils, air sévère.
Ambiguïté : Titillement
Apax : S'écrit hapax.
Archet : Lame sentimentale. Celui de Menuhin.
Argent : Fascination abstraite.
Bach : Très proche de dieu car il le tutoyait.
Bagnard : Injustice commise par la force du destin et par la force de l'histoire.
Bagne : éviter les arguments pro-Cayenne car on y déportait pour un bout de pain.
Bâillon : On voile la face humaine de la détresse sociale avec le bâillon des censeurs.
Balzac : Tout au plus le greffier des lettres. N'a pourtant pas séduit les femmes.
Berger : Vieux avec une barbe et un bâton. A toujours quelques anecdotes pastorales.
Bergerie : Beaucoup de gens cultivés y vont loger par dépit.
Caricature : Tout personnage extrême se caricature volontairement. La soupape du peuple.
Catalogue : Chaque maison de commerce en a un. On l'achète surtout pour les photos. Railler.
Censure : se fait par les bons sentiments. Il faut harmoniser l'humanité. Messieurs les censeurs.
Charogne : Basse morale d'adolescents. Très insultante.
Cicéron : Le plus génial procureur. Editeur de Lucrèce, grand ami de Brutus.
Citations : Ne les faire qu'à moitié. Débiter, gêné, le plus rapidement possible.
Confusion : Choc entre la réalité et l'imaginaire. L'enfant est bien sourd et le nègre bien bien fou. Il ne faut pas confondre la vitesse et la précipitation.
Conservateur : Toujours placé dans les musées.
Conservatisme : A relier avec la sénilité. Vient avec la dégradation du système nerveux.
Courage : Du cœur à la vertu.
Cruauté : L'appeler dans trop savoir sadisme. On y est entraîné comme dans un manège.
Danger : Signalé par un panneau.
Démangeaison : La tentation nous fait toujours céder.
Démon : provoqué par la chaleur. Lieux où il se loge : dans un opéra, dans l'obscur d'une jeune femme, dans les billets de banque, sur un corps ravagé, dans les champignons. La course folle.
Destin : Lâcher son destin.
Dictature : Les hommes qui luttent contre elle. Chacune a des armes terribles. Les moyens de pression.
Dieu : présent de tous les instants. Il aime à paraître.
Diktat : De la mode avec tous ces mannequins.
Dire : " jamais je n'accepterais les forces d'un diktat " est une des plus belles preuves de la volonté.
Domestiques : s'identifient à leurs maîtres. Dévalorisation : seules les racailles veulent être employées pour la rapine.
Droits de l'Homme : S'il ne les avait pas inventé, l'Homme n'aurait jamais été humain.
Education : Reconduit les structures de dominance.
Enfance : A regretter. Engendre la rêverie douce et a fait naître la poésie.
Enterrement : Célèbre pour ses retrouvailles. Certains d'hier n'y viendraient pas habillés.
Expressionnisme : Seconde grande perspective picturale après Rembrandt.
Fascisme : Expulsion, grâce à la loi, des pulsions les plus noires. Très commun car très proche du bas populisme.
Fièvre : L'aventurier est fiévreux au départ, fiévreux à l'arrivée.
Football : les voir en étapes : misère, dépassement, plaisir, victoire, joie, argent, dîners en ville.
Franc-Maçonnerie : Secte bourgeoise, traîtrise à l'anglaise. Racine en était : dans l'Orient désert quel devint mon ennui.
Gamma : Point de doute une des trois lettre de l'alphabet.
Géographie : La meilleure constatation du présent.
Gide : Pédophile. A véritablement lancé son journal grâce à ses troubles mentaux.
Gravure : Moyen pour un peintre de payer ses dettes. Variété des techniques à utiliser.
Griffe : Toute nouvelle œuvre est imposée par la griffe de son auteur.

Tristan Casabianca